Deborah Wouters

Le Parcours de Deborah Wouters

Championne du SUP Malgré les Obstacles

Il y a bien plus d’histoires à raconter sur les personnes exceptionnelles dans notre sport. C’est le talent, le travail acharné, la détermination, le courage et la conviction qui permettent de devenir un athlète d’élite en SUP. Mais il y a aussi des batailles mentales et physiques qui se jouent en silence, loin des projecteurs qui illuminent les triomphes et les défaites du sport.

Au moment où nous publions cet article, Deborah Wouters, championne belge de SUP, a fait plusieurs séjours à l’hôpital, venant de subir une chirurgie majeure tout en gérant sa maladie chronique, un trouble sanguin rare.

À l’approche de la dernière étape du Belgian SUP Tour (BST), SUP4Life le 17 décembre à Gand, Belgique, nous avons rencontré Deborah, qui était déterminée à compléter tout le Tour (douze courses), mais son état de santé a mis un terme abrupt à ses projets. Fidèle à son mantra, « Je peux, je veux et je vais le faire », elle partage son histoire inspirante.

Découverte du Stand-Up Paddle

Du Sport Équestre au SUP

Bonjour Deborah, bienvenue sur TotalSUP ! Comment as-tu découvert le stand-up paddle et quand as-tu décidé de commencer la compétition ?

Aloha ! Merci pour cette belle opportunité ! Tout a commencé il y a trois ans et demi pendant une vague de chaleur en juillet. Mon premier chien d’assistance, un golden retriever nommé Loulou, adorait l’eau, et un soir, je suis tombée sur une vidéo de paddle avec son chien. De 11 à 26 ans, j’ai été très compétitive en sports équestres au niveau national et international. Pour des raisons de santé, j’ai dû arrêter brusquement… Mais l’esprit de compétition est resté vivant en moi, et j’ai décidé de participer à ma toute première vraie compétition de SUP – le Championnat de Belgique de Longue Distance – le 12 juin 2022. Sans aucune attente, je suis devenue championne de Belgique parmi les femmes élites en SUP. Cette grande victoire m’a donné tellement d’énergie positive que j’ai décidé de tout donner, de voir ce qui était encore physiquement possible et de repousser mes limites. Mon motto est « Je peux, je veux et je vais le faire ».

Les Réalisations de Deborah dans le BST

Tu as un incroyable palmarès au Belgian SUP Tour (BST). Qu’est-ce qui rend ce tournoi de courses de SUP si spécial ?

Cette année, je m’étais fixé plusieurs objectifs. Mon premier objectif était de bien performer aux différents Championnats de Belgique. Je veux toujours m’améliorer. Le Championnat de Belgique de l’Ultra Longue Distance a été mon premier grand défi car je n’étais vraiment pas habituée à pagayer sur de si longues distances, donc c’était un sérieux défi physique. Contre toute attente, j’ai réussi à décrocher une belle deuxième place et je suis devenue vice-championne. Lors du Championnat de Belgique de Longue Distance, je me suis confrontée à moi-même et j’ai lutté contre une hypoglycémie sévère après les premiers kilomètres. Réussissant à me pousser jusqu’à la ligne d’arrivée, j’ai dû accepter de sous-performer et de faire face à mes propres limites. Mon principal objectif était le Championnat de Belgique de la Course Technique et des Sprints.

J’ai pu remporter le titre de championne de Belgique dans les deux disciplines, ce dont je suis très fière ! Mon deuxième objectif était de participer à toutes les compétitions du Belgian SUP Tour (BST) cette année. Non seulement cela semblait être un bel objectif, mais c’était aussi un bon test pour découvrir quelles disciplines me plaisaient le plus et sur lesquelles je voulais me concentrer dans les années à venir. Malheureusement, je serai hors d’action pendant plusieurs semaines en raison d’une intervention chirurgicale majeure et je ne pourrai pas participer à la toute dernière compétition BST, SUP4Life, cette année à Gand. Je dois donc dire adieu à cet objectif… ce qui est tout à fait acceptable et pas honteux ! La vie est pleine de hauts et de bas ; parfois, il faut savoir lâcher prise et se concentrer sur de nouveaux objectifs.

Tu es une athlète professionnelle de SUP de haut niveau qui participe activement aux compétitions tout en faisant face à une maladie sanguine rare. J’espère que cela ne te dérange pas que nous en parlions…

Cela ne me dérange pas, mais ce n’est pas la première chose que j’aborde en conversation. Malheureusement, les gens se font très vite une idée et me mettent certaines étiquettes. Je préfère ne pas participer à cela et garder un esprit ouvert pour la conversation. Tout le monde porte un certain bagage, médical ou autre. Il faut se respecter mutuellement, et c’est pourquoi j’apprécie vraiment lorsque les gens ont une question ou une supposition à mon sujet et qu’ils viennent me voir en personne. L’honnêteté est la meilleure politique.

En effet, j’ai un trouble sanguin congénital rare qui a été découvert en 2016 après avoir passé trois semaines en soins intensifs pour une ostéomyélite (infection osseuse potentiellement mortelle). Enfant, j’étais si malade que, en une année, j’ai passé plus de temps à l’hôpital qu’à l’école. Ce n’était pas une enfance heureuse… tu sais à quel point les enfants peuvent être durs entre eux. Depuis, je reçois du plasma chaque semaine ; il s’agit de sang humain filtré provenant de donneurs pour compenser les carences dans mon sang que mon corps ne produit pas lui-même. Sans ce plasma, je vivrais dans le danger de contracter des infections graves et potentiellement mortelles que mon corps ne peut pas combattre. Le traitement est à vie, donc cela fait partie de ma vie.

Combattre un Trouble Sanguin Rare

L’Impact sur le Sport et l’Entraînement

Comment ta condition impacte-t-elle tes ambitions sportives de haut niveau et ton entraînement quotidien ?

Je suis très reconnaissante de recevoir ce traitement. Cependant, il y a aussi l’envers de la médaille… Les trois premiers jours après avoir reçu du plasma, je suis très nauséeuse, je vomis beaucoup, et je me fatigue très rapidement. Ces jours-là, j’essaie de ne pas beaucoup sortir parce que je ne veux pas que les gens me voient dans cet état. L’un des effets secondaires est l’hypoglycémie soudaine, une chute du taux de sucre dans le sang. Cela peut provoquer une vision floue ou en tunnel, des spasmes musculaires, des engourdissements ou, dans les pires cas, une perte de conscience. Cela comporte donc certains risques lorsque je participe à des sports nautiques, c’est pourquoi je pagaye maintenant avec un capteur qui mesure constamment mon taux de sucre dans le sang et peut déclencher une alarme à temps.

S’entraîner avec un trouble sanguin est assez difficile. Mon corps utilise les calories de manière inefficace, je me fatigue rapidement et j’ai des besoins de récupération substantiels. Se plaindre de cela ne va pas résoudre le problème, donc je préfère le garder en arrière-plan et vivre ma vie comme une personne normale. Beaucoup de mes collègues de SUP et amis ne savent pas. De l’extérieur, on ne voit pas de handicap, ce qui a ses avantages et ses inconvénients. Je planifie toujours bien mes semaines pour que, lorsque je vais pagayer, je n’ai rien d’autre à faire ce jour-là et que je puisse bien répartir mon énergie. Après une compétition, je dois toujours récupérer pendant quelques jours.

Les gens me regardent souvent étrangement parce que j’ai toujours quelqu’un là pour m’aider. Ce n’est certainement pas parce que je suis paresseuse ou que je veux me la couler douce ! Par exemple, l’aide avant et après la course (comme porter ma planche et s’assurer que mon équipement est en ordre) signifie beaucoup pour moi, car cela me permet d’économiser mon énergie. Abandonner n’est pas dans mon dictionnaire, mais parfois, il est sage d’écouter son corps. J’ai appris que ce n’est certainement pas une honte. Bien que cela ne fonctionne pas toujours bien à cause de mon caractère obstiné, ha, ha !

La Motivation et la Perspective de Deborah

L’Attrait Unique du SUP

Quelle est la force motrice pour toi dans le sport du stand-up paddle ? Qu’est-ce qui le rend unique pour toi ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, je suis très compétitive. J’aime me défier et m’améliorer. Je ne me compare jamais aux autres et j’examine toujours ma propre performance après une compétition. Peu importe la position dans laquelle je termine, je suis satisfaite quand j’ai une bonne sensation et que je pense que mes temps et ma performance sont bons. C’est une motivation pour essayer de faire encore mieux la prochaine fois. À certains moments, je me retrouve dans une vallée où je ne peux vraiment rien faire et où la pagayage ne me procure pas de plaisir. C’est vraiment un sentiment très frustrant ; ton esprit te dit de travailler, mais ton corps ne coopère pas. J’ai dû apprendre à accepter ces moments et à essayer de voir le côté positif des choses.

L’humour est l’une de ces choses ; rien ne vaut un bon rire ! Parfois, j’ose faire de mauvaises blagues quand je ne me sens pas bien ou quand quelque chose ne se passe pas bien. L’autodérision fait aussi partie du processus d’adaptation. Je suis certainement très fière quand je regarde en arrière et vois ce que j’ai déjà accompli dans les compétitions de SUP au cours des dix-huit derniers mois ! C’est juste agréable de pouvoir rivaliser avec les athlètes d’élite et d’oublier tout le reste pendant un moment. Cela donne un sentiment de liberté de ne pas être enfermé dans une certaine case.

Conseils pour les Paddlers Aspiring

Quel conseil as-tu pour les paddlers qui souhaitent entrer dans le côté compétitif de ce sport ?

Amusez-vous ! Prenez du plaisir ! Il ne s’agit pas d’être le meilleur. L’important est de vous amuser et de repousser vos limites. Vous devriez pagayer pour vous-même, pas pour les autres. Le succès n’est pas toujours de gagner ou d’être sur le podium, parfois, c’est simplement de ne pas abandonner. Il est normal de se sentir stressé avant une compétition ou sur la ligne de départ. Mais une fois que vous pagayez, essayez de trouver un flow, ce flow qui vous donne un coup de pied et vous fait sourire jusqu’aux oreilles ! Je dis toujours : « Ne vous comparez pas aux autres – soyez votre propre compétition ».